Depuis 15 années et environ 4500 plongées j’ai vu les îles Médes évoluer, la faune se développer.
Une multitude d’oiseaux habite les îles : goélands, hirondelles de mer, cormorans dont une communauté peuple la côte ouest. Deux couples de faucons ont établi leur territoire de chasse sur le Bernât, ce monument de roche qui domine les Mèdes du haut de ses 60 m.
Sous la surface, la vie est riche également, dans la zones des 20 m comme en plongée profonde.
J’ai pris plaisir à parcourir les grottes sous-marines ouvertes au ciel, là où la lumière est filtrée comme par les vitraux d’une cathédrale, à longer les murs couverts de corail rouge, à surprendre un homard aux pinces impressionnantes au fond d’une cavité profonde.
Dans ces décors de rêve, j’ai observé les mérous, chaque année plus nombreux et plus imposants, l’arrivée récente des majestueuses raies aigles, les langoustes énormes, les bans de barracudas, dantès, dorades, sorbes, sars et sars tambour, castagnoles, chapons, murènes en pleine eau, congres…
Chacun dans son territoire, à l’affût d’une proie, peu craintifs devant les plongeurs qui les observent quotidiennement, stars devant les flashs des appareils photos qui immortalisent leur présence sur les iles Médes.
Gardez précieusement vos photos amis-plongeurs, je suis inquiet.
Cette année les îles souffrent. Mérou blessée à la flèche, hameçon dans la gueule, cuillère avec fil dans la mâchoire de barracudas, j’ai pu constater une baisse importante de leur population: d’une quinzaine au large de la « Vaca », il n’en demeure que deux ou trois gros ; où sont leurs congénères ? Cela fait des années que je les côtoie et je sais qu’ils bougent très peu. Certains occupent le même emplacement depuis des décennies. L’année dernière encore, entre Ferranelles et le Tascon, certains jours je n’arrivais pas à les compter : « cette année je vois du mérou » !
La tombée de la nuit est tristement propice aux braconniers et fatale à la faune innocente: celle que nous côtoyons le jour, que nous croyons protégée, est décimée dans le silence de la nuit, piégée par quelques hommes avides qui chassent sans honneur et sans vergogne
Pour avoir pratiqué autrefois la chasse sous-marine, que j’ai abandonnée avec bonheur au profit de la plongée loisir, je sais qu’il est possible en très peu de temps de détruire un écosystème fragile par une conduite irresponsable.
Les autorités locales que j’ai alerté se disent impuissantes, prétendent manquer de moyens !
Nous tous, plongeurs sommes concernés.
Si vous fréquentez L’Estartit et les Iles Médes, faites-part de vos observations aux centres de plongée pour qu’individus, collectivités et autorités, prennent conscience des enjeux : préserver la réserve naturelle, l’équilibre de la Méditerranée, au-delà même de l’économie locale.
Je crois en la passion de chacun de vous, pour être aussi mes témoins.
Guy, Instructeur
sept
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